« Ça m’a même pas fait mal » (extrait) – Manuel Joseph
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« Ça m’a même pas fait mal » (extrait) – Manuel Joseph

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Back in hole. La terre est plus belle que la terre que j’ai mâchée de la terre vue de la terre parce que papa Roland m’en a fait manger de la terre quand il était sur mon dos et « sur mon cul » comme on dit qu’on dit en français quand on tombe par terre et papa Roland avait été libéré de la prison où il était pas libre de sa sécurité et qu’il aurait dit que le sexe s’emballe ainsi soit-il que le texte s’empale très très loin comme ils lui ont fait dans la prison où il était pas libre de sa sécurité. J’ai vomi quand j’ai su qu’il était libre. Je ne porte pas de lunettes mais moi Iris je sais ce qu’on peut mettre dans une chaussette et je sais ce qu’on peut mettre dans un con et je sais ce qu’on peut enfiler dans une chaussette et dans un con et je sais maintenant que j’ai un con. J’ai eu le temps de lire quand papa Roland était pas libre de sa sécurité dans la prison où il était pas libre de ses mouvements et il est revenu pour me laver la bouche avec le savon parce que je l’avais dit et dans une chaussette on peut aussi mettre deux ou trois savons aussi pour laver le dedans de la tête quand on tape dans la tête parce que je sais que le goût là on l’a dedans la tête et dans ce qu’on peut mettre dans une chaussette et je sais ce qu’on peut mettre dans un con et je sais ce qu’on peut enfiler dans une chaussette et dans un con et « se le mettre dans une chaussette » le manche que papa Roland parlait toujours de son gros « manche » en faisant des bruits avec la bouche pleine de terre on peut plus en faire du bruit parce que le bruit sort de ses narines des larmes de cervelle qui « ploquent » en frappant terre même s’il avait mis la gélatine pendant que sa tête fondait du mal au savon dans son cul et la gélatine c’est fait avec les os des morts. Revenu pour me laver la bouche avec le savon ça m’a pas piqué ça a fait des bulles drôles comme quand dehors son ventre son sang il bouillonnait en faisant des bulles de sang de savon qui à lui le piquait en sortant du trou du dehors de son ventre. Très fortes elles le piquaient les bulles pas de son sang de savon mais de sa soupe de sang.
Dans une chaussette on peut mettre du gras aussi mais du gravier, des pierres et des cailloux et de la terre et les fleurs pousseront pas dans la chaussette qu’on peut bourrer la chaussette comme quand papa Roland est revenu me bourrer la bouche de savon et le cul de son jus et j’oublie pas puisque je sais que les fleurs elles poussent pas dans les chaussettes et que les fleurs elles poussent pas non plus dans les bas gorgés de terre mais les bas sont plus résistants il m’a appris et j’ai frappé sa tempe avant de tirer. Sur le bas pour pas perdre la terre qu’il faut aux fleurs et papa Roland il était à terre quand j’ai tiré. Je sais parce que j’ai fait. Tout. Et j’ai essuyé avec les pieds en faisant des glissades la terre de sa tête qu’avait pas la couleur de la terre mais rose et grise. Étalée, j’ai failli tomber et j’ai ri en faisant les bulles du savon qui montaient au plafond du ciel. Je l’ai fait sans vomir parce que ça m’a même pas piquée. La nacre a cassé sur par terre et j’ai dansé dessus tous les pieds tout nus et j’ai saigné quand papa Roland est tombé comme l’arme avec la belle nacre autour la crosse. Lui, il a mal. Lui, il saigne bien du ventre. Parce qu’il le lui fallait bien.

Ce texte fut initialement édité en 2001 par les éditions Al Dante. Merci à Laurent Cauwet.