Nommer l’inquiétude. De toutes ses forces. Lui donner consistance verbale. La contenir dans des mots bien tassés. La mettre en laisse : lui donner forme, valeur et direction. S’accaparer l’angoisse, la faire sienne, comme une boule bien malaxée dans ses mains. En faire son effigie. Montrer qu’on la tient bien fortement en soi, contre sa poitrine. S’en servir pour crier plus haut et plus fort que les autres. Crier plus vrai avec la petite boule bien compacte de l’inquiétude tout contre soi. Crier pour être applaudi, pour que le peuple se sente représenté, pour qu’on se sente compris partout dans sa douleur d’exister. Promener l’inquiétude générale en laisse devant tout le monde. Dompter la bête, s’asseoir dessus, la diriger à coups d’éperons et de cravache. Le cirque des grands mots d’indignation nationale, de vertu, de valeurs communes. A crier-cracher devant l’angoisse pour mieux la contenir, la réduire à un point de l’horizon. Pour l’assigner à quelques uns qui ne sont pas tout le monde, qui ne sont pas la nation, qui ne sont pas le peuple. Suivez mon regard. L’angoisse comme la force formidable qui soulève le monde. L’alliée de la politique. Passion triste.
Nommer l’inquiétude. De toutes ses forces. Lui donner consistance verbale. La contenir dans des mots bien tassés. La mettre en laisse : lui donner forme, valeur et direction. S’accaparer l’angoisse, la faire sienne, comme une boule bien malaxée dans ses mains. En faire son effigie. Montrer qu’on la tient bien fortement en soi, contre sa poitrine. S’en servir pour crier plus haut et plus fort que les autres. Crier plus vrai avec la petite boule bien compacte de l’inquiétude tout contre soi. Crier pour être applaudi, pour que le peuple se sente représenté, pour qu’on se sente compris partout dans sa douleur d’exister. Promener l’inquiétude générale en laisse devant tout le monde. Dompter la bête, s’asseoir dessus, la diriger à coups d’éperons et de cravache. Le cirque des grands mots d’indignation nationale, de vertu, de valeurs communes. A crier-cracher devant l’angoisse pour mieux la contenir, la réduire à un point de l’horizon. Pour l’assigner à quelques uns qui ne sont pas tout le monde, qui ne sont pas la nation, qui ne sont pas le peuple. Suivez mon regard. L’angoisse comme la force formidable qui soulève le monde. L’alliée de la politique. Passion triste.