Par un escalier de rondins on descend la pente
Et la forêt ouvre son oviducte
Par le bas.
Un court ruisseau glaireux fait un relief – presqu’un pont.
Si on n’avait à l’enjamber – d’un pas perpendiculaire.
Trois talus d’humus très sec. Le dernier montre à son faîte
Un peu de ciel.
Je prends conscience qu’il fait frais, quelque chose reflue
À mes tempes et sur mon cou. Sinistre gaîté de cet air
Qui sautille entre les troncs. Un freux se décide et crie,
Des scalps pendent aux branches nues,
Les fourches des hêtres sont vertes
D’un vert calme et retenu. Je prends conscience
Du bruit de mes pas, et par la vue de la masse énorme
Des feuilles mortes.
Sur le sol, les restes d’un feu de camp
Avec des bouteilles de bière écrasées, et, un peu plus loin,
Des papiers gras se sont pris aux basses branches
De buissons noirs. Mon pied se pose près d’une saucisse
Que la moisissure embarbiche.
Deux cerfs et des biches sont là, à sept mètres tout au plus,
Dans une immobilité de statues – en sont-ce ?
On dirait qu’ils sont en pierre ponce
Mais je sens leur odeur de vieux couvre-lit
Et vois une ligne de poils transis
Courir sur un pelage.