J’ai vu plusieurs photos de Marie-Josée Ferreira. Elles se sont imprimées, à jamais, sans doute, dans ma mémoire ; d’abord parce que j’ai regardé chacune d’elles très longtemps, et parce que, si je les ai regardées si longtemps, c’est que j’avais devant moi l’image (c’est presque toujours la même image, sur cette quinzaine de clichés) d’une femme extraordinairement belle, très brune, les yeux très noirs, une musculature maxillaire remarquablement développée. – Sur les photos où on la voit en pied, au milieu d’autres personnes, il est évident qu’elle est grande ; elle se tient droite, avec une raide élégance, et la largeur de ses épaules frappe aussi. Sa présence est telle que les autres personnes sourient comme des ectoplasmes, ou comme derrière une vitre sale, pathétiquement annulés dans leur présence surjouée. Elle, ne sourit jamais, et ça n’est pas la même lumière qui tombe sur elle ; elle nous regarde vraiment comme si elle n’était pas là, et pourtant il n’y a qu’elle là et ses yeux nous trouent. Marie-Josée était née aux Vans, Ardèche, dans la maison de ses grands-parents paternels, en juillet 1948. Mais elle vécut toute son enfance et son adolescence à Laversines, village proche de Beauvais, chez ses grands-parents maternels, René et Madeleine Lecat, agriculteurs. Sténo-dactylographe dans une entreprise de Bresles, puis à Beauvais, elle lit beaucoup, en particulier du théâtre. Il semble qu’elle ait écrit ses premiers textes en 1963 ou 4, assez vite elle se tourne vers la poésie et dès 1970 signe « Penthésilée », puis (1976), « Penthésilée Ferreira ». Son mariage en 1973 avec un jeune médecin de Beauvais est un désastre, mais le couple n’en dit rien, s’enferme dans le secret. Deux garçons naissent, clones parfaits de leur père. Marie-Josée Ferreira ne publiera pas une seule ligne de son vivant. Elle met fin à ses jours en 1996. C’est sa nièce, Odile Fourdrinier-Lecat, qui découvrit ses cahiers de poème et nous les confia.
J’ai vu plusieurs photos de Marie-Josée Ferreira. Elles se sont imprimées, à jamais, sans doute, dans ma mémoire ; d’abord parce que j’ai regardé chacune d’elles très longtemps, et parce que, si je les ai regardées si longtemps, c’est que j’avais devant moi l’image (c’est presque toujours la même image, sur cette quinzaine de clichés) d’une femme extraordinairement belle, très brune, les yeux très noirs, une musculature maxillaire remarquablement développée. – Sur les photos où on la voit en pied, au milieu d’autres personnes, il est évident qu’elle est grande ; elle se tient droite, avec une raide élégance, et la largeur de ses épaules frappe aussi. Sa présence est telle que les autres personnes sourient comme des ectoplasmes, ou comme derrière une vitre sale, pathétiquement annulés dans leur présence surjouée. Elle, ne sourit jamais, et ça n’est pas la même lumière qui tombe sur elle ; elle nous regarde vraiment comme si elle n’était pas là, et pourtant il n’y a qu’elle là et ses yeux nous trouent. Marie-Josée était née aux Vans, Ardèche, dans la maison de ses grands-parents paternels, en juillet 1948. Mais elle vécut toute son enfance et son adolescence à Laversines, village proche de Beauvais, chez ses grands-parents maternels, René et Madeleine Lecat, agriculteurs. Sténo-dactylographe dans une entreprise de Bresles, puis à Beauvais, elle lit beaucoup, en particulier du théâtre. Il semble qu’elle ait écrit ses premiers textes en 1963 ou 4, assez vite elle se tourne vers la poésie et dès 1970 signe « Penthésilée », puis (1976), « Penthésilée Ferreira ». Son mariage en 1973 avec un jeune médecin de Beauvais est un désastre, mais le couple n’en dit rien, s’enferme dans le secret. Deux garçons naissent, clones parfaits de leur père. Marie-Josée Ferreira ne publiera pas une seule ligne de son vivant. Elle met fin à ses jours en 1996. C’est sa nièce, Odile Fourdrinier-Lecat, qui découvrit ses cahiers de poème et nous les confia.