Quelque part derrière nous ou devant nous dans la nuit immense, son père était couché avec sa cuite dans un taillis, cela du moins était certain — avec de la bave au menton, de l’urine sur son froc, de la mélasse aux oreilles, des croûtes dans le nez, peut-être du sang dans les cheveux, et la lune qui l’illuminait.
L’ANCIENNE ROUTE S’ARRÊTE AU BORD DU CANAL / ON PEUT ATTENDRE LONGTEMPS / ON PEUT ATTENDRE JUSQU’À L’AUBE EN COMPAGNIE DES FANTÔMES / GAMINS EN BLOUSE GRISE DE L’APRÈS-GUERRE ILS SERONT EN RETARD À L’ÉCOLE OU AU CATÉCHISME / MENAGÈRES EN ROUTE VERS LE MARCHÉ PIED À TERRE APPUYÉES CONTRE LEURS LOURDS VÉLOS AUX SACOCHES DE CUIR GARNIES DE BOUTEILLES VIDES / OUVRIERS EN VESTES DE TOILE BLEUE MÉGOT ROUGEOYANT PENDANT AU COIN DES LÈVRES / ON PEUT ATTENDRE LONGTEMPS LE PONT-LEVIS DEMANTELÉ NE DESCENDRA PLUS / SUR L’AUTRE RIVE D’AUTRES FANTÔMES FRISSONNENT DEVANT LE TROU D’EAU NOIRE / VERS LA GAUCHE ON ENTEND LE FRACAS DES CAMIONS QUI PASSENT EN HAUTEUR SUR LE PONT DE BÉTON / LEURS PHARES ÉCLAIRENT LE CIEL UN BREF INSTANT / DANS LES ROSEAUX DE LA RIVE LES CORMORANS DORMENT D’UN SOMMEIL SANS RÊVES.