« Tiens » (extrait) – A.C. Hello
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« Tiens » (extrait) – A.C. Hello

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Et pendant ce temps-là, tu respires trop fort tout drôle enroulé dans ton bonheur dingue à tours de bras, l’envie d’y rester pendant ce temps-là, muet en tas pousses et veux prendre, du plat sifflement de t’être battu au blanc des gros doigts pendant ce temps-là sans penser au morceau gelé pieds nus qui te réclame de la mort le laisser noir frotté raide, d’exister parti, d’exister lèvre démolie, d’exister poing grave pendant ce temps-là sans rien dire te fouillant le bruit distraction sang lourd beau poil pendant ce temps-là effraction ce qui était le bruit, ce qui était le bruit de toi arrosé, ce qui était le bruit de toi qui n’en menait pas large, ce qui était le bruit de toi pelote immobile, chair suffisante, fouillis résigné, mourir tu as vu pendant ce temps-là résolu. Tu existes et fais le tour en reniflant les doigts cinq en débâcle sur le cou sans répondre à perte de vue, pendant ce temps-là c’est toute la terre qui te parle. Et tu te regardes jusqu’au fin fond, toi qui existes mensonge trainant du tien assassin déjà effacé paquet gris. Pendant ce temps-là c’est rempli de monde et tu existes, pédales et tournes. Et dures. Et dures et on te porte aussi pendant ce temps-là. Grand buté morceau dont les pas ne comptent pas mais que tu décomptes en plein dans ta viande insensible que tu crois immense. Et pendant que ta grosse tête reste pendue en plein dans ta lèvre, pendant ce temps-là tu existes tordu et nu, écroulé, raclé, devenu si petit dans un monde écrasé de tout ce qui est l’homme, tout tremblant de cette gifle, qui voit bien au-delà du goût amer dans ta bouche. Et rien que tes mots, rien que tes mots, on dort. Rien que tes mots on va dehors pour voir si tu existes. Et dehors tu n’existes pas, pendant ce temps-là des poignées de sardines, poulains, perdreaux, canards, bêtes lourdes existent. À quoi je vais penser que vais-je dire, te demandes-tu, toi qui existes, paquet de boyaux que je crache ce rêve lourd que j’ai eu d’un temps crève tué dingue, tu existes, je t’entends vivre derrière les cloisons, grand homme gris ronflant pince à détour d’en agoniser d’à d’un se dédire ah dedans se réveille d’un coup dehors patte couchée d’avoir dû dans ce rêve que j’ai eu défaillir ta défection dégueulis, tu existes en déficit dans un cirque d’à. D’assassins. Vas qu’on me dit dessous terre écraser l’odeur de dieu ton foutre et ma haine. Dis, dis quoi définitivement. Dis, dis-moi donc dis da ce qui te terrible la pluie le coeur te piquète. Dis, dis-le moi deux ou trois fois. Éclate et noircis. Je m’en fiche malade moi du lâche l’œil du père la mort. Moi le reste du jour à te répondre chaude déformée défroque sans craindre. Défunte. Dégénération dégauchie. Plus rien regarder. Moi je t’écoute incendiée, ça cloche rien que d’entrer sous ta peau.